Notre histoire
Sur la façade du domaine, quelques lettres, « Dom et Alex », annoncent qu’ici, simplicité et authenticité prévalent.
« On peut être roi dans une soupente si le royaume est intérieur. »
Les deux vignerons, fiers de leur fief, cultivent une humilité qui, cela se pressent, fait partie de leur façon d’être et de travailler. Pudiques, ils expliquent les nombreux travaux réalisés depuis qu’ils ont repris le domaine, en 2014, tout en nuançant :
« Nous façonnons le domaine pour qu’il nous ressemble et nous permette de travailler à notre façon.
En même temps, nous gardons le lieu dans son jus, fidèles à notre conviction que, si le vin est devenu un produit esthétique, c’est ce qui se dissimule derrière la bouteille et l’étiquette qui compte le plus. »
L’histoire du Fief Noir est-elle celle de deux copains qui rêvent de devenir vignerons depuis qu’ils sont tout petits ?
Alexis Soulas :
Avant de rêver de vin, j’ai quand même voulu devenir vétérinaire ou garde républicain ! Plus sérieusement, j’ai grandi à Paris, avec néanmoins de nombreux séjours à la campagne, en Touraine, en Corse, dans le Lubéron. J’ai fait des études d’agronomie avant de m’interroger sur ma réelle capacité à passer l’intégralité de ma vie professionnelle derrière un bureau et un écran. Il me fallait quelque chose de plus sensoriel, plus charnel, où le goût et le travail manuel auraient une place. Le vin s’est imposé comme une évidence. J’ai bifurqué en école d’ingénieur à Bordeaux puis en fac d’œnologie. Et suis parti travailler en Corse.
Dominique Sirot :
Et c’est en Corse que nous nous sommes rencontrés. J’ose à peine raconter comment le projet de devenir vigneron a débarqué dans ma vie ! J’étais en fac d’histoire, après une prépa lettres à Lyon. Je me réveille un matin avec le souvenir fort de mon rêve : j’étais dans un hamac, au soleil couchant, près d’une vigne. Cela semble fou de l’imaginer aujourd’hui et pourtant, vraiment, ce rêve a été un révélateur pour moi. Rien ne me prédestinait ni à l’entrepreneuriat, ni au vin. J’ai simplement accueilli ce signe qui symbolisait mon besoin d’un retour à la terre. Je me suis installé à Bordeaux, ai suivi un BTS viticulture-œnologie, puis une formation en œnologie. Avant de partir travailler en Corse.
C’est lors de votre expérience commune, sur un domaine de 250 hectares en Corse, qu’émerge votre propre projet ?
Dominique Sirot :
Le projet est venu avec le temps. En Corse, nous jouissions d’une grande autonomie, évoluant dans un environnement très exigeant mais aussi très valorisant, et galvanisant. L’idée de s’installer était presque une suite logique, avec une envie très forte d’épanouissement personnel et professionnel.
L’enjeu pour nous est d’être heureux de nous lever chaque matin pour faire notre métier.
Alexis Soulas :
En Corse, nous avons réalisé qu’avec un peu d’audace et beaucoup d’énergie, il était possible d’entreprendre. Dès lors, nous avons commencé à fureter, puis à visiter, puis à faire des propositions concrètes de reprise de domaines, sur le continent.
Comment découvrez-vous le Domaine des Chesnaies, à Saint Lambert du Lattay ? Si loin de la Corse !
Dominique Sirot :
Là encore, on peut dire que rien n’était écrit. Nous avons visité plusieurs dizaines de domaines avant d’arriver en Anjou. Nous avons fait de belles rencontres, de belles dégustations et nous avons rapidement compris à quel point la région valait le coup. Le terroir nous a surpris. Ici, le Chenin représente un potentiel inestimable.
Alexis Soulas :
Lorsque l’on visite des domaines à reprendre, on voit de tout. Il fallait trouver le domaine qui nous ressemble, dans lequel nous étions prêts à mettre toutes ses économies, toute notre énergie, d’installer femmes et enfants, et de construire nos vies. C’est ce qui s’est passé ici. Nous avions un héritage fort et en même temps, l’opportunité de développer des vins nouveaux, qui nous ressemblent. Notre cuvée Ouest Coast en est un vrai exemple.
Vous écrivez une nouvelle page de l’histoire du Domaine aujourd’hui, en refondant la gamme et en changeant de nom. Quelle est votre intention ?
Alexis Soulas :
Notre intention est de faire évoluer le domaine vers quelque chose qui nous correspond encore plus.
Après le temps de la prise en main, est venu le temps d’une revendication plus forte. Le Fief Noir symbolise tout cela. Nous avons la vraie ambition, humble mais tenace, de faire en sorte que notre cépage blanc, le Chenin, soit davantage connu. Ici, c’est la plus grande région du Chenin ! L’Anjou ne produit pas que des liquoreux ; nous avons à cœur de faire vivre autre chose.
Dominique Sirot :
La création est sans doute un de nos traits identitaires. Alexis et moi sommes réunis par ce goût de l’entrepreneuriat, par l’envie de faire pousser et grandir quelque chose, de nos mains. Nous consacrons beaucoup de temps et d’énergie à notre Fief Noir, il était naturel qu’il nous ressemble.
Par quoi se caractérise l’évolution du Domaine ?
Dominique Sirot :
Nous avons migré vers une culture biologique qui nous semblait évidente. En travaillant la terre, on prend rapidement conscience de ce qu’on lui doit. Et puis, nous resserrons et simplifions notre gamme avec de nouvelles cuvées inédites.
Alexis Soulas :
Ces nouvelles cuvées inédites racontent vraiment notre relation à la Terre, au vin, à notre métier de vignerons. Leurs noms, leurs profils gustatifs parlent de notre goût pour l’art romantique, pour la nature, pour la nuance et l’équilibre. Ce sont des vins que nous avons voulu ouverts, « questionnant ». Faire des standards ne nous intéresse pas. Notre dada, c’est de créer des vins de découverte qui suscitent de l’émotion.
TERROIRS ET VIGNES
Le Fief Noir, chantre de l’Anjou Noir
Le Fief Noir est un domaine viticole de 30ha situé au cœur de l’Anjou Noir à proximité d’Angers sur la commune de Saint-Lambert du Lattay.
L’Anjou Noir est une région viticole unique à l’extrémité Est du Massif Armoricain et la partie Nord-Ouest de l’Anjou. Noir à cause de la roche qui compose son sous-sol, le schiste. Formés il y a environ 300 millions d’années, les schistes de l’Anjou Noir par leur histoire et les transformations qu’ils ont subi offrent une diversité exceptionnelle de relief et de sols. Cette roche structurée en feuillet constitue un terroir idéal pour la culture de la vigne. En effet les nombreuses fissures de la roche vont permettre à la vigne de développer ses racines en son sein. Les racines vont ainsi pouvoir explorer un vaste espace et capter une grande diversité de minéraux. On retrouvera dans les vins toute l’originalité du schiste.
L’Anjou Noir c’est aussi la rencontre d’un grand cépage blanc, le Chenin, avec le schiste. A terroir unique, expression unique des cépages, le chenin prend ici toute son ampleur et exprime la richesse de son potentiel. On le retrouve ici tout en fraicheur et en minéralité dans les Anjou blanc comme dans les Coteaux du Layon.
Le Fief Noir cultive en bio du Chenin, du Cabernet et du Grolleau sur une belle diversité de sol. Le sol, c’est la priorité de notre travail de vignerons. Choisir le bon cépage en fonction du sol lors de la plantation, travailler ameublir les sols tout au long de l’année pour favoriser le développement des racines, pour éliminer l’herbe qui concurrence la vigne ou encore pour aider les sols à se réchauffer à la fin de l’hiver.
« Nous réalisons beaucoup d’opérations manuellement afin de préserver nos raisins dont la plus importante est bien sûr la récolte. Les vendanges manuelles permettent de conserver l’intégrité des raisins et de préserver au mieux leur richesse aromatique. Car notre objectif est là, restituer au mieux le goût unique de l’Anjou Noir. »
vins
» Selon vous, à qui appartient un vin ? «
Dominique Sirot :
Alexis et moi sommes très attachés à la Terre, et aux valeurs d’humilité qu’elle porte. La Terre vous apprend chaque jour que précisément, personne ne détient aucune vérité absolue ! Nous acceptons l’incertain, nous l’accueillons même. Cela nous plaît de créer, de façon volontaire et active, des vins qui nous ressemblent, mais cela nous plaît aussi de savoir qu’une fois dans la bouche de nos clients, ils s’ouvrent à une autre vie qui ne nous appartient plus. Selon que vous dégustez un vin après une bonne ou une mauvaise nouvelle, en bonne compagnie, au coin du feu, celui-ci prendra une autre couleur. Cela nous remet tous à notre juste place.
Alexis Soulas :
Nous proposons des vins de profondeur, qui donnent envie de s’arrêter, de prendre le temps, de se poser des questions. Nos cuvées nous correspondent dans le sens où elles équilibrent notre sens de l’action et notre goût pour la contemplation. L’idée est de rien figer. De suggérer. Un vin n’est jamais vraiment fini. Il appartient à ceux qui s’en emparent. C’est ce champ ouvert à l’interprétation, cette co-création, qui rend notre métier si beau.
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